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Parc nature de Pointe-aux-Outardes : Se ressourcer en toute curiosité
Crédit : Charlotte B. Domingue

« On met le ressourcement de l'avant », est une phrase que vous entendrez souvent ici, un coin de paradis où la nature se vit à petite échelle, mais à grand déploiement. Dense, riche, authentique. Sur la route près de Baie-Comeau, le Parc Nature de Pointe-aux-Outardes vous offre une pause où tous vos sens vous remercieront. Décompresser, recharger, mais piquer votre curiosité et apprivoiser les écosystèmes nord-côtiers. Et à l'approche du 40e anniversaire, on vous y accueille en grand dans un tout nouveau pavillon resplendissant.

C'est l'endroit où commence toute visite; un point de départ fraîchement inauguré. Du balcon extérieur, la vue plante le décor : la splendeur du fleuve, la pureté de la forêt boréale. Ce n'est sûrement pas un hasard si le Pavillon Desjardins transpire le bleu du Saint-Laurent et la rugosité du bois. Et dans son intérieur lumineux et spacieux, « il se passe beaucoup, beaucoup de choses », confie Jessica Desrochers, directrice générale adjointe. Et pour cause : le bâtiment construit au coût de 4 millions $ propulse le parc nature de Pointe-aux-Outardes vers de nouveaux horizons.

Toucher : explorer du bout des doigts

Tout d'abord, le site pourra désormais opérer toute l'année. L'équipe permanente s'agrandit et s'installe dans de nouveaux espaces. Ensuite, une salle de réception permettra d'accueillir des événements privés ou corporatifs. Mais le nouveau fleuron reste la salle d'exposition immersive dédiée à l'aire marine protégée de Manicouagan. C'est l'endroit parfait pour vous plonger directement dans les écosystèmes qui vous attendent ici. Dès l'arrivée, pas une minute à perdre. L'exposition vous transportera dans un univers microscopique méconnu, mais dont dépend tout ce qui vit dans le Saint-Laurent.

« Nous voulons faire comprendre l'importance du plancton, de l'infiniment petit, précise Jessica Desrochers. Partout, on parle beaucoup, beaucoup des baleines. Nous, on part du plancton qui nous fait circuler d'un écosystème à l'autre. » Car le phytoplancton (flore microscopique) et zooplancton (faune microscopique) sont à la base de toute la chaîne alimentaire marine. « On a beaucoup de jeux tactiles, poursuit-elle. On a aussi des projections audio, des éléments visuels et des animations. » Et quand cette pause plancton est terminée, vous serez prêt pour l'exploration extérieure. La nature devient la classe.

 

Sentir : l'enjôlement boréal

Dans les pas de Jessica Desrochers, le sentier Le Contemplatif se dévoile. Instantanément, vous voilà ensorcelé par les arômes de la forêt boréale. « Il y a du lichen à n'en plus finir, montre la meneuse. C'est incroyable. On en a tellement et le lichen pousse lentement. C'est une preuve de forêt en bonne santé. » L'effort de cette courte randonnée n'est pas tant physique qu'il est mental. Déconnecter des tracas. Profiter de l'instant, de la richesse nord-côtière dans cette parcelle jalousement protégée. « Le parc nature est un endroit où tu viens marcher en forêt, t'inspirer, raconte Jessica. Être tranquille. Et ça fonctionne, les visiteurs veulent ça. » Profiter de la nature et apprendre à mieux la comprendre.

D'ailleurs, en arpentant Le Contemplatif, difficile de ne pas remarquer la présence surprenante de nombreuses épinettes mal en point. « Elles ont l'air mortes hein? En réalité, elles regorgent de vie, affirme Jessica. Il y a des insectes à n'en plus finir. Quand les arbres tombent, ça fait des abris pour la faune. » Il y a quelques années, ces morts-vivants ont été fauchés par leur ennemie nommée tordeuse. Aujourd'hui, ils se dressent maladroitement comme solides tuteurs de ressourcement forestier. « On n'a jamais eu de feu, c'est mauvais et excellent en même temps », ajoute la guide. Mauvais parce que les feux stimulent la régénération de l'habitat, mais sans feu… « Notre forêt est très, très vieille. » Excellent donc, car les vieilles forêts sont en voie de disparition au Québec. Chérir ces trésors est donc un devoir. Ici, la forêt boréale est un des neuf précieux écosystèmes, tous enfouis dans un coffre nature de deux petits kilomètres carrés.

 

Voir : « Il y a du stock là-dedans »

« Le marais salé, c'est super beau », s'extasie Jessica Desrochers, accoudée au sommet d'un poste d'observation de bois. Un peu plus loin, Le Contemplatif s'est buté à une vaste plaine qui émerveille encore chaque jour la directrice générale adjointe. « On a des mentions d'espèces végétales assez rares, énumère-t-elle. On a des poissons un peu partout dans les cours d'eau. Les oiseaux s'arrêtent ici dans leur migration. C'est à protéger! » Les centaines d'hectares devant abritent une flore exceptionnelle dont les racines baignent dans l'eau salée. La biodiversité y est aussi riche que fragile.

Cette tour d'observation incarne à merveille la mission de l'endroit : le tourisme durable à la fois contemplatif et éducatif. « Les petites plantes ont peut-être l'air inutiles quand tu ne les connais pas, mais apprendre leur nom donne envie de les protéger. C'est la base de toute notre activité d'écotourisme. » Le marais salé occupe un endroit stratégique en bordure des écosystèmes terrestres, au confluent de l'eau douce de la rivière aux Outardes et de l'eau salée du fleuve. La zone est hyper propice à la productivité de plancton (vous connaissez?). « C'est la base du garde-manger des baleines; c'est ce qu'on dit tout le temps », résume Jessica. Le marais salé est un cœur écologique qui pompe et relâche des éléments nutritifs. Grâce aux courants, ses effets peuvent s'étendre jusqu'à 30 kilomètres dans le Saint-Laurent.

 

Entendre : ressourcement par vagues

« Ici, c'est l'endroit super populaire pour les selfies », mentionne la guide. On devine facilement pourquoi. Derrière les sourires étincelants, des dunes parsemées d'herbes, quelques arbres et le fleuve. Immensité. Sous un ciel bleu éclatant, le va-et-vient des vagues compose la trame sonore parfaite de ce dernier arrêt. « C'est vraiment une zone que les gens aiment beaucoup, note Jessica Desrochers. C'est aussi une super belle place pour voir les couchers de soleil. » D'ici, quelques minutes de marche suffiront pour boucler Le Contemplatif. Sur moins de deux kilomètres de sentier, tous vos sens auront été galvanisés. Toucher, sentir, voir, goûter, entendre. C'est la promesse d'un ressourcement garanti qui alimentera les esprits curieux s'arrêtant au parc nature de Pointe-aux-Outardes. À la fois excitante, à la fois apaisante. Une pause qui s'impose sur votre chemin surchargé, en descendant le courant du fleuve ou en remontant la 138 vers votre quotidien effréné.

 

Goûter : des feuilles aux papilles

« Parmi plusieurs plantes qu'on aime présenter, on fait toujours une petite pause ici. » Sur le sinueux trottoir, Jessica s'est arrêtée. « On aime beaucoup faire découvrir cette plante du marais salé… c'est la livèche d'Écosse ou le persil de mer. » Elle se penche, y goûte et fait goûter. « C'est bon hein! » Le mélange est intrigant : la salinité vive se mêle à la fraîcheur verte et au piquant herbacé, quelque part entre le persil, le céleri sauvage et le vent océanique. « C'est frais, imagine dans la salade! » Ces séances de dégustation nature sont particulièrement populaires auprès de la clientèle internationale. Au plus fort de la saison des croisières, les touristes débarquent par dizaines. « On fait le tour avec eux, relate Jessica. On leur montre nos écosystèmes. On leur montre les plantes et les fruits, ils sont prêts à goûter à tout. C'est toujours impressionnant. »

Et à partir d'ici, les randonneurs sentent rapidement le changement. La végétation se transforme, le vert déserte, le sable s'enrôle, puis apparaissent les dunes. Leur protection complète sous la carapace du parc nature a permis à la flore de reprendre ses droits sur un écosystème où les VTT faisaient autrefois la loi. Aujourd'hui, la clientèle locale profite du territoire autrement, occupant chaque année une place toujours plus importante. « On est contents d'avoir du monde de partout au Québec, mais de voir que les gens d'ici viennent nous visiter, ça nous fait toujours plaisir », reconnaît Jessica. En pratique, la municipalité est toujours propriétaire du territoire, qui est géré par un organisme à but non lucratif. Les citoyens de Pointe-aux-Outardes peuvent accéder au parc nature gratuitement.

 

Le parc nature de Pointe-aux-Outardes, c'est :

  • Découvrir, explorer et apprendre à interpréter 9 écosystèmes sur 2 km2; c'est 2 fois la taille du Vieux-Québec intra-muros ou l'équivalent du 1er arrondissement de Paris
  • 8 km de sentiers de niveau débutant
  • Des activités d'interprétation originales qui plairont à toute la famille
  • De l'hébergement camping (10 emplacements) et VR (10 emplacements)
  • De l'hébergement insolite dans cinq nichoirs géants; « Ça ressemble à des petits chalets en bois, mais ils sont tous uniques », résume Jessica Desrochers.
  • Un contact direct avec la flore et la faune nord-côtière
  • Un tout nouveau pavillon d'accueil, présentant une exposition immersive dédiée à l'aire marine protégée de Manicouagan

 

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