Je travaille à l'accueil chez Tourisme Côte-Nord depuis maintenant trois ans, et chaque journée est ponctuée de rencontres uniques avec des voyageurs curieux, chacun portant une histoire à partager. Mais de temps en temps, une rencontre sort du lot, touche quelque chose en nous, et laisse une trace.
C'est ce qui s'est passé avec Paul et Nathalie Hamel, un couple attachant venu des Laurentides. Au départ, ils s'étaient arrêtés simplement pour récupérer le fameux autocollant de la Route des Baleines. Mais ce petit geste a donné lieu à un moment inattendu et profondément touchant : le récit de leur grand voyage.
Ils revenaient tout juste d'un périple de 55 jours, durant lequel ils ont parcouru près de 10 000 kilomètres à travers le Canada. Un grand voyage à travers différentes régions, avec la Côte-Nord comme grande finale. Leur itinéraire? Le circuit Expédition 51… mais à l'envers! Plutôt que de commencer à Baie-Comeau, comme le suggère normalement le circuit, ils ont choisi de garder le meilleur pour la fin, et de poursuivre leur route jusqu'au tout dernier village accessible par la route 138, Kegaska. Plus de 2 000 kilomètres sur notre territoire, jalonnés de paysages spectaculaires, de haltes inspirantes et de rencontres inoubliables avec les gens d'ici.
Curieuse d'en apprendre davantage, je leur ai posé quelques questions, et rapidement, la conversation s'est transformée en un échange rempli d'émotion, de rires et de souvenirs marquants. Paul et Nathalie ont accepté de me partager un petit bout de leur aventure, avec des mots simples, sincères, qui témoignent de l'ampleur de ce qu'ils ont vécu.

Cora-Lee Losier, Préposée aux services aux visiteurs
Voici leur histoire :
« La Côte-Nord, pour nous, ce n'est pas une région comme les autres. La première fois qu'on est venus ensemble, c'était en 1995, pas longtemps après s'être rencontrés. On avait passé une fin de semaine à Tadoussac, pis on était tombés en amour avec l'endroit. On s'était promis qu'un jour, on reviendrait pour un plus grand voyage. Pis ce voyage-là, on l'a finalement fait cette année.
C'est difficile de nommer des coups de cœur parce qu'on en a eus tout le long. On a adoré la traversée de Terre-Neuve. Arriver là-bas pis voir que ça s'arrête net, qu'il n'y a rien, pas de village… c'est vraiment la fin. C'était impressionnant. À Blanc-Sablon, on a eu un coup de cœur pour le camping municipal. C'est beau, unique, fleuri, avec des cabanes à oiseaux. Une vraie belle place. Pis les routes du Labrador… c'est dur à expliquer. C'est un autre monde, on s'est senti complètement ailleurs. À Happy Goose Bay, on est allés loin dans le village, c'était propre, intéressant, calme. On s'est ramassés par hasard dans un musée innu. Pis là… on s'est fait prendre en charge par des gens du coin. Ils nous ont parlé, nous ont montré plein de choses avec passion. On s'est sentis accueillis, pris à cœur, presque comme si on faisait partie de leur monde. C'était un de ces moments inattendus qui restent gravés.
Fermont nous a marqués, surtout parce que notre fils a travaillé là-bas. On voulait voir l'endroit, le fameux mur, la mine, pis comme on travaille aussi dans l'excavation, on a trouvé ça super intéressant. Natashquan aussi, c'est spécial. Le village est magnifique, bien aménagé, pis selon nous, c'est la plus belle plage de la région. On dirait qu'il y a une âme, une énergie dans ce village-là. À Havre-Saint-Pierre, les Îles Mingan, la Maison de la culture Roland-Jomphe… on a été charmés.
Mais ce qui nous a le plus touchés, c'est le monde, l'accueil. La gentillesse des gens, le rythme de vie n'est pas le même. On s'est senti les bienvenues dans chaque village où on posait les pieds. À Pessamit, on a été accueillis comme des rois. On a découvert de super beaux produits, pis encore là, des gens accueillants, fiers de leur culture. Et puis, Kegaska… on a de la misère à en parler sans devenir émotif. C'est vraiment quelque chose d'arriver là, au bout de la route.
Si on avait des conseils à donner à ceux qui veulent faire cette expédition? Surtout pour le côté du Labrador : faut planifier. Y'a 420 km sans station de gaz, alors faut être prêt, pis avoir un véhicule en forme. Mais au-delà de ça, le vrai conseil, c'est de prendre son temps. C'est trop beau pour passer tout droit. Faut prendre le temps de regarder, de jaser au monde, de s'imprégner. Y'a tellement de belles places.
Ce voyage-là, c'est un souvenir qu'on va garder longtemps. On a vu des endroits magnifiques, on a rencontré du monde accueillant, pis on a pris le temps de vraiment vivre chaque moment. On revient la tête remplie, le cœur aussi. »




Par Cora-Lee Losier, Préposée aux services aux visiteurs