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Côte-Nord côté ciel : deux sites exceptionnels pour observer les oiseaux
Crédit : Alexandre Terrigeol

Tournez les yeux vers le ciel, et vous serez abasourdi par la richesse de tout ce qui plane et virevolte au-dessus des têtes nord-côtières. Non… encore mieux : tournez votre attention vers toute cette biodiversité ailée, résidente ou migratrice, qui grouille partout sur nos côtes. Les berges du Saint-Laurent regorgent tellement de vie aviaire que les sites où vous pouvez vous attarder sont nombreux. Par où commencer? L'Observatoire des oiseaux de Tadoussac joue un rôle central dans le développement du loisir et de la science ornithologiques sur la Côte-Nord. Son directeur aux opérations, Alexandre Terrigeol, nous suggère deux sites exceptionnels pour observer facilement les oiseaux.

Apprécier les mal-aimés : la baie des Escoumins

Que vous arriviez de l'est ou de l'ouest fait peu de différence : l'effet sera le même. Vous entrez aux Escoumins, vous descendez une petite côte et ce qui vous attend en bas… Wow! D'un côté, le village et l'église… et de l'autre, la baie où se jette la rivière du même nom. De la 138, vous remarquerez rapidement la croix au bout de la péninsule qui scinde la baie. C'est là que vous vous dirigez : la Pointe de la Croix.

« La baie des Escoumins est vraiment LE site de référence pour l'observation des laridés », révèle Alexandre Terrigeol. « Laridés » est la famille qui regroupe notamment mouettes et goélands, des espèces desquelles on détourne souvent le regard. Ces oiseaux traînent la réputation d'être bruyants, envahissants et opportunistes. Pourtant, leur rôle est essentiel… et ici, c'est leur paradis. « Une vingtaine d'espèces peuvent être observées dans la baie des Escoumins, poursuit le biologiste. Certaines sont très, très rares. On les retrouve normalement en Arctique et elles descendent de temps en temps, comme la mouette blanche et la mouette rosée. »

Planifiez votre itinéraire pour arriver ici à l'heure du lunch : des tables de pique-nique vous attendent sur la pointe ou pour une expérience plus authentique, installez-vous directement sur les roches. D'un côté, la vue sur le fleuve et de l'autre, sur le village et la baie. Peut-être serez-vous chanceux et verrez-vous la mouette rieuse ou la mouette pygmée, des visiteurs plus assidus en Europe qu'au Québec. « Elles commencent lentement à se reproduire et à être présentes ici, précise Alexandre Terrigeol. Chaque année, on les observe dans la baie des Escoumins. » Sinon, visez la fin de la journée, car voyez-vous… la baie fait face à l'est; le soleil se couche donc directement derrière le village. À son déclin, il enveloppe les rochers d'un magnifique voile doré, presque rougeâtre. Mais même avec le village en arrière-plan, vos photos ne rendront jamais justice à l'époustouflante scène qui se noie peut-être dans une cacophonie de laridés.

Ici, les mouettes de Bonaparte sont parmi les oiseaux que vous pouvez rencontrer par milliers. « Elles se reproduisent en forêt boréale et se regroupent ensuite pour se nourrir de petits poissons dans le fleuve, explique Alexandre Terrigeol. Il y a aussi la mouette tridactyle, une espèce qu'on retrouve très peu à Montréal. Elle est très abondante ici. » Citadins, à vos jumelles! Un arrêt à la baie des Escoumins est une invitation à changer votre regard sur les mouettes et goélands. C'est aussi une invitation à vous salir les souliers - un peu et avec précaution - si vous y arrêtez à marée basse. Il n'est pas rare d'y croiser 15, voire 20 des plus de 200 espèces d'oiseaux observées et répertoriées ici chaque année dans l'application eBird. La baie des Escoumins se trouve tout juste à l'extérieur des limites du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, à 40 km l'est de Tadoussac et à 160 km à l'ouest de Baie-Comeau.

Consultez la fiche eBird de la baie des Escoumins.

Longue-Rive : son marais salé et les écrins derrière

Difficile de manquer le Centre d'interprétation des marais salés de Longue-Rive. D'abord, c'est la seule construction côté Saint-Laurent sur ce tronçon de la 138. Ensuite, cette bernache du Canada géante qui vous y accueille ne laisse aucun doute sur la mission ornithologique des lieux. Derrière, le centre d'interprétation tout de bois construit vous offre un premier contact avec le riche écosystème des marais salés. Un petit coup d'œil à l'intérieur vous familiarisera avec l'endroit. Et les galeries surélevées du centre d'interprétation vous offrent un excellent point de vue sur l'habitat derrière, où le marais salé s'étend sur 249 hectares (soit 2,5 fois la taille des plaines d'Abraham ou 1600 patinoires de la LNH).

À l'extérieur, sur la gauche, une courte randonnée d'une quinzaine de minutes est parsemée de panneaux d'interprétation sur les habitants du marais salé, comme le bihoreau gris, le busard des marais ou le plus rare hibou des marais, qui a la particularité de construire son nid au sol. Quand vous avez terminé votre parcours des lieux, vous êtes prêt pour la deuxième portion de votre halte à Longue-Rive.

Reprenez la voiture et engagez-vous sur la 138 direction est (vers Baie-Comeau). Roulez 1,7 km et tournez à droite sur le chemin du Barrage. Sur votre droite se trouve le marais salé. Vous pouvez tout d'abord arrêter en bordure du chemin pour l'observer d'un point de vue latéral qui change complètement la perspective. Ensuite, dirigez-vous jusqu'au bout du chemin du Barrage; vous atteindrez la plage de la Pointe à Émile. Garez-vous et attrapez tout le matériel de plage pour la famille, car pendant que vos amours seront occupés à profiter d'une immense plage juste à eux, vous pourrez vous lancer à la recherche des limicoles - les oiseaux de rivage - qui raffolent aussi de cet endroit. Partout sur la plage, vous remarquerez des traces de leur présence ou de leur passage. À marée basse, les bécasseaux semipalmés et pluviers semipalmés sont particulièrement actifs. Si vous vous éloignez vers la droite, toute la Pointe à Émile vous appartient. La longue plage rappelle celles du Québec maritime. Le vent aussi d'ailleurs (il faut aimer le vent); vous aurez l'impression d'être seul sur la Côte-Nord.

La richesse de Longue-Rive, de son marais salé et des alentours va bien au-delà des petits échassiers. « C'est un excellent site pour les limicoles, les canards et les goélands, décrit Alexandre Terrigeol. On peut aussi observer un nombre important de passereaux durant la migration. C'est une halte migratoire importante pour l'alouette hausse-col. » Si vous tombez bien, vous pourrez observer votre lot de canards barboteurs ou plongeurs. D'ailleurs, le marais salé est un site de reproduction pour le canard noir, le canard pilet et le canard souchet. « Dans la région, c'est l'un des rares sites où l'oie des neiges s'arrête, comparé par exemple aux bernaches cravant qu'on peut observer partout sur la côte au printemps », conclut Alexandre Terrigeol. Le Centre d'interprétation des marais salés se trouve à 71 km à l'est de Tadoussac et à 128 km à l'ouest de Baie-Comeau.

Consultez la fiche eBird du Centre d'interprétation des marais salés, celle de la Pointe à Émile et celle de sa voisine, la Pointe à Boisvert.

Par Jean-Philip Rousseau

 

 

 

 

 

 

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