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Rentrer dans le bois, le temps d'une fin de semaine
Crédit : Ann-Édith Daoust

Vendredi, il est 14 h. Nous sommes sur la route tumultueuse de la Toulnustouc qui mène à un barrage hydroélectrique érigé par Hydro-Québec sur la rivière du même nom, mais ce n'est pas notre destination. Nous nous rendons à la Pourvoirie du lac Cyprès, dirigée par Charles Pinard.

 

Je pêche depuis que j'ai l'âge de 12 ans, environ. J'ai appris sur un lac, une canne à mouche à la main, dans une chaloupe à moteur au camp familial. C'est Léopold qui m'a appris à pêcher, un ami de la famille. Outre mes sorties ponctuelles avec lui, c'est rare que je prenne le temps d'aller à la pêche. Chaque fois que j'y vais, je me rappelle à quel point j'aime ces moments en nature, sur l'eau. Au kilomètre numéro sept, il n'y a plus de réseau. Les vacances commencent! Je suis en route pour visiter ma première pourvoirie.

 

La nature est luxuriante. Le vert de la forêt est vif. La route en asphalte laisse place à une route forestière en poussière de pierre. On s'enfonce dans le bois, dans une flore sauvage qui prend le dessus sur le rythme de la ville.

 

Arrivée aux installations de la Pourvoirie du lac Cyprès, on aperçoit Charles Pinard, le propriétaire, qui répare son moteur en face du lac décoré de quelques barques à moteur. En s'essuyant les mains, il nous souhaite la bienvenue et nous amène à notre chalet non loin du sien.

 

© Ann-Édith Daoust

Le chalet en bois est accueillant. Le poêle à bois est prêt à recevoir ses premières bûches, la table est prête à recevoir son premier repas de groupe et les lits sont prêts à accueillir notre sac de couchage pour la nuit. Le four à propane fonctionne bien et on a accès à de l'eau chaude. Le luxe en forêt. On sera plus que bien, ici. La soirée s'annonce étoilée et ponctuée de quelques chants de huards.

 

© Janie Côté

Le matin se lève. La nuit a été douce. Petite séance de yoga matinal sur la plage qui nous permet de voir la brume se dissiper au rythme de nos salutations au soleil. Les hirondelles virevoltent au gré du vent. Moment intime. Moment magique.

 

Après avoir déjeuné et pris notre café, nous rejoignons Charles Pinard pour l'accompagner dans le début de sa journée. Les pêcheurs se rassemblent. On part en groupe pour retrouver le lac sur lequel il sera possible de pêcher. Chaque groupe aura son lac. Riche d'expérience, Charles les accompagne d'une bienveillance naturelle.

 

Le territoire s'étend sur 53,5 km carrés, et 43 lacs sont propices à la pêche, dont 12 qui abritent de la truite mouchetée, prisée par les visiteurs. Le début de la saison est lancé. On passe du « pick-up », à la marche en forêt pour retrouver une barque accostée sur le bord d'un lac qui attend ses pêcheurs. On vérifie le niveau d'essence dans le moteur, on positionne la manette au neutre, on active le « choke », on tire sur la corde de démarrage, et c'est parti! Le vent est bon, la journée est pleine de promesses! Les pêcheurs sont heureux. Charles est heureux.

 

En après-midi, Charles Pinard nous propose une virée en kayak sur la rivière Godbout. Pour s'y rendre, nous parcourons 4 km, dont 300 mètres de portage entre un lac et la rivière en question. C'est frappant de vivre dans une nature aussi sauvage, mais organisée. Tout a été pensé pour nous permettre de nous sentir dépaysé, mais en sécurité. L'air est bon, la rivière est en mouvement, la forêt est magnifique. Les souvenirs seront nombreux de cette fin de semaine de vacances.

 

© Janie Côté

Un entrepreneur de conviction

Charles est propriétaire de la Pourvoie du lac Cyprès depuis 1989, et il est le président de l'Association des pourvoiries de la Côte-Nord depuis près de 20 ans. Natif de Drummonville, il étudie en géographie physique, mais rêve d'acheter une pourvoirie. C'est avec son père qu'il a appris à pêcher et à chasser. Il a 23 ans lorsqu'il contacte la Fédération des Pourvoiries du Québec, à la recherche d'une pourvoirie à acheter. Il quitte la maison à l'aube des années 90, devient gérant de la Pourvoirie du lac Cyprès avec six employés à sa charge, et apprend tranquillement à organiser son nouveau territoire. En l'écoutant raconter son histoire, on sent sa passion pour la nature, pour l'histoire aussi. On sent sa volonté d'action, sa ténacité, sa persévérance et l'ardeur du désir qu'il entretenait de bâtir un milieu de vie unique et viable à long terme d'un point de vue touristique.

 

Charles ne mâche pas ses mots et il a beaucoup d'histoires à raconter, riche d'une vie bien remplie. Charles porte aussi en lui l'histoire unique et surprenante de la pourvoirie, laquelle appartenait à la famille de Napoléon Alexandre Comeau, fondateur de Baie-Comeau, et qui a ensuite été occupée par Gabby Ferland, un boxeur et mafieux montréalais. Charles est père de deux enfants dont il parle avec douceur et affection. Charles est en rémission d'un cancer de la peau détecté en 2019. À 58 ans, il affirme que la retraite n'existe pas parce qu'il aime trop ce qu'il fait. Charles parle beaucoup, mais il a aussi le sens de l'écoute. Charles est touchant. Charles est attachant. Merci, Charles, de nous permettre de toucher à ton univers et de nous accueillir dans une pourvoirie aussi riche de belles aventures!

 

© Janie Côté

Si vous n'avez pas encore prévu vos vacances, avez-vous pensé à la Pourvoirie du lac Cyprès? L'essayer, c'est l'adopté, comme dirait l'autre.

 

 

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