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De baies et de sève : le territoire intime des végétaux nordiques

Les cueilleurs de l'entreprise de Natashquan parcourent la Minganie pour produire des recettes originales à base de plantes sauvages, pour le plaisir des papilles et du corps.

Le voyage commence à la lecture des étiquettes de la gamme alimentaire De baies et de sève, composée de gelées, beurres, vinaigres de petits fruits nordiques, de thé du Labrador, de sapin baumier en gelée et sirop, de végétaux du littoral. « Les saveurs de la région sont teintées du territoire » entre mer et forêt boréale, marais salés et tourbières, explique Annick Latreille, propriétaire. Depuis près d'une dizaine d'années, elle arpente ces milieux avec l'âme d'une exploratrice patiente et écoresponsable. Lorsqu'elle entre en contact avec un végétal, les idées de recettes lui viennent aussitôt à l'esprit, comme le mariage de l'épinard de mer et du persil de mer pour le pesto des berges. « Je suis une gourmande qui aime cuisiner et faire des tests ».

Un coup de foudre pour la Minganie

Annick Latreille découvre Natashquan il y a une douzaine d'années alors qu'elle anime un camp de lecture pour des élèves. L'enseignante en littérature et rédactrice pour le ministère de l'Éducation est touchée par « un incroyable  coup de cœur avec le territoire ». Elle passe ensuite un été à courir entre Kegaska et Baie-Johan-Beetz pour inventorier les bioressources et en commence la cueillette. « De cette période de vie-là, tout me semblait magique alors que je foulais le sol riche et éblouissant de la Minganie ».

Avec la rencontre marquante de Claudie Gagné, des Jardins de la mer à Kamouraska, qui récolte des plantes de rivage, l'idée fait son chemin dans la tête d'Annick Latreille, elle crée son entreprise  à Natashquan en 2013. Deux ans plus tard, elle ajoute à ses produits alimentaires une gamme pour le corps composée d'algues, entre autres, dont les propriétés minérales sont intéressantes pour les cosmétiques : savons, soins toniques, exfoliants et capillaires, beurres pour la peau. Elle développe des partenariats avec les restaurateurs, notamment avec le Café L'Échouerie à Natashquan, la Distillerie Puyjalon à Havre-Saint-Pierre et le restaurant Chez Mathilde à Tadoussac.

Conserver le goût avant tout

« Pour avoir la tête tranquille », Annick Latreille s'est formée à l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe afin d'acquérir une bonne base pour toutes les procédures de conservation des produits. Les plantes de bord de mer ne tolérant pas les traitements de chaleur, elle les ensache  sous vide et les congèle par petits lots. Elle évite le séchage des végétaux pour garder leur parfum. Après la courte saison de cueillette, elle crée le reste de l'année des recettes et réalise de nombreux tests.

Le beurre d'églantier est un exemple de ce processus. Ce rosier rustique et sauvage de bord de mer est « composé à 80 % de pépins, mais sa purée est magnifique ». La recette prend des heures à enlever les résidus et à filtrer, avant « une légère cuisson avec du jus de pomme maison, un soupçon de sucre bio et un peu de beurre à la fin ». Annick Latreille veille à « laisser le goût du fruit à l'avant-plan. Le beurre d'églantier se déguste les yeux fermés ».

 Rédaction : Christine Gilliet (Mots et marées) Écoutez la balado et suivez-nous sur ces plateformes :Soundcloud : Podcast Le Goût de la Côte-Nord - De Baies et de SèveYoutube : Podcast Le Goût de la Côte-Nord - De Baies et de SèveSpotify : Podcast Le Goût de la Côte-Nord - De Baies et de Sève

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